La machine d’Anthicythère

Histoire d’une découverte…

Au large d’une jolie île grecque…

Au début du XIXeme siècle, des pêcheurs d’éponges se voient débarquer sur l’île d’Anthicytère à cause du mauvais temps. En plongeant ils découvrent, enfouie dans le sable des débris de fer, qui ressemblent plus ou moins à un mécanisme. Certain d’avoir trouvé là quelque chose de notable ils décident de remettre leur trouvaille au musée archéologique d’Athènes.

Deux années plus tard, en 1902, Valerios Stais archéologue grec et directeur du musée se penche plus sérieusement sur les objets retrouvés et les examine. Il voit des inscriptions très peu lisibles et des roues dentées sur l’épave. Il va alors nommer l’objet : « mécanisme d’Anthicythère » en lien direct avec le lieu de la découverte.

En 1905, Albert Rehm un philologue, déchiffre les inscriptions. Il pense que la machine est un calendrier astronomique. Mais personne ne le croit. Un objet aussi présupposé ancien ne pourrait être aussi avancé technologiquement ou alors c’est un objet récent dont il faut quand même découvrir la provenance.

Cependant la mort de plusieurs plongeurs vont retarder les recherches et l’objet va être oublié durant plusieurs années.

Les recherches reprennent…

Ce n’est que 45 ans plus tard que l’on va à nouveau dépoussiérer la machine et que Derek Price, un physicien de renommée internationale, va scanner la machine au rayon X et va dénombrer 27 rouages distincts. Il compte également les dents des rouages de façon approximative. Il découvre un train épicycloïdale dont on attribue la découverte aux alentour du début du 16eme siècle (source Arte Reportage*) M. Price doute alors de l’authenticité de la machine.

Le commandant Coustaud, en 1976 organise une nouvelle expédition sur le site du naufrage. On découvre alors d’autres objets antiques. Des pièces de monnaies ont permis de dater le naufrage du bateau dans lequel se trouvait les reliques : autour de -70 AV-JC. Ces pièces permettent aussi d’en connaitre la provenance : apparemment le bateau provenait d’Asie mineur. On en déduit qu’il était romain, qu’il conservait surement un trésor pillé au grecs et que c’était un gros navire de commerce.

On emploie les gros moyens

Certainement faute de budget les recherches se prolongent et il faut attendre les années 2000 pour qu’a nouveau on fasse des investigation poussées sur la mécanisme d’Anthicytère.

Mike Edmunds, professeur à la « School of Physics and Astronomy at Cardiff University » au pays de Galles, diplômé, entre autres d’un doctorat de philosophie, forme une équipe de recherche internationale et pluridisciplinaire pour comprendre la fonction de la machine et les inscriptions qui y sont gravées.

Avec Tony Freeth, mathématicien de Cambridge et docteur en philosophie sur la théorie des ensemble, ils vont obtenir avec une équipe parallèle de X – Tek Systems, la fabrication et le déplacement au musée grec d’une machine à rayon X ultra puissante capable de scanner le mécanisme d’Anthicytère avec un procédé de tomographie aux Micro Rayons X. Le résultat est ultra précis (jusqu’au détail de 50 microns) et permet également de traverser des matières très impénétrables comme le bronze. Les équipes veulent à tout prix percer le secret qu’entourent le mécanisme découvert au début du siècle.

Ils dénombrent 27 rouages soit environ la moitié de ce que possédait la machine a l’époque où elle n’était pas encore érodée par l’eau.
Personne n’aurait jamais imaginé un tel degré de précision à cette époque.

Comme Derek Price en 1950, Mike Edmunds va compter les dents des rouages et en faire une étude approfondie. Il en voit 127 et 235 sur les deux premières roues. Il réussit à comprendre qu’en astronomie ces chiffres sont importants notamment dans l’étude des cycles lunaires.

Le cycle de Méton

Il faut savoir que durant l’antiquité la lune a un rôle prépondérant : elle détermine les cérémonies religieuses,le moment des semences, et ceux des batailles.
C’est donc de ce côté que vont se continuer les investigations.

Que signifie donc, en terme de cycle le chiffre 235 et le chiffre 127 ?

Le cycle de Méton (-432 AV-JC.)

D’une pleine lune a l’autre on a 29 jours et demi.
12 cycles lunaires se font donc sur 354 jours (12 x 29,5) , on voit donc bien qu’une année solaire ne correspond pas une année lunaire et qu’au bout de quelques temps ces deux calendriers ne sont plus en phase. Aussi il faut savoir que si le mécanisme se base sur une année de 365 jours c’est qu’il se réfère au calendrier égyptiens qui comme notre calendrier actuel contient douze mois (cependant qui sont découpé en trois saisons : Akhet, Peret et Chemou )
Par contre au bout de 19 ans solaires (soit 6935 jours) on revient en phase avec le calendrier lunaire soit a peu près 235 cycles lunaires (6932,5 jours).

Mais aussi à 254 rotations de la Lune, soit 6939 jours au total.

extrait de l’harmonie de la lune et du soleil :

Ce mécanisme serait basé sur les connaissances de l’époque du cycle de Méton. Il se compose d’engrenages qui permettent de passer du cycle solaire aux cycles de la Lune en passant par la position des planètes. Les engrenages utilisent (entre autres)
la cascade des relations suivantes :

64 / 38 X 48 / 24 X 127 / 32 = 254 /19

Ce qui correspond au nombre de dents des rouages.
Il est aussi fait appel à un dispositif de différentiel, un
peu comme dans le pont arrière de nos véhicules.


Cette pièce d’horlogerie permet aussi de retrouver la date des jeux olympiques de l’époque et prédit les éclipses sur la base d’un triple cycle de Saros. On se pose la
question de savoir si l’objet ne proviendrait pas de Syracuse, ville où oeuvrait le fameux savant Archimède.
Il est évident que ce mécanisme nous laisse perplexes tant sur le plan des connaissances que sur celui des capacités techniques des gens de cette époque, il y a plus de 2000 ans

UN AUTRE CHIFFRE 223

Les scientifiques comptent également une roue a 223 dents. Ce chiffre demeure un mystère et ce n’est qu’au cours d’une visite au British muséum de Londres que l’un des membre de l’équipe découvre l’importance de ce chiffre : pour les babyloniens il correspond au cycle fondamental de 18 années. Il fallait donc au cours de ces recherches se référer aux babyloniens et à leur science du ciel, connaissances qui avaient été reprises par les grecs pour leur propre civilisation.

18 ans vaut 223 mois lunaires (18 x 12,37) soit le temps qui permet de prédire les éclipses lunaires, temps appelé également Saros qui viens de l’akkadien Sar et qui signifie cercle, totalité, horizon, tel la lune qui masque en totalité le soleil. Ce terme et principe était connu de nombreux philosophe et astronome grecs.

DES CHIFFRES ET DES LETTRES

On avait compté les dents, mais sur la machine existait des inscriptions.
Toutefois elles n’étaient pas toutes lisibles, à cause de l’érosion de la pièce. Jusqu’à présent, les premières transcriptions correspondaient avec ce qu’étaient en train de découvrir notre nouvelle équipe de recherche. Il s’agissait bien d’une forme de calendrier astronomique. Cependant qu’est ce que ces inscriptions, illisibles pourraient nous apprendre de plus sur l’instrument ? Son créateur, ses bénéficiaires ? Des fonctions cachées ? Les chercheurs veulent en savoir plus.

Grâce à leurs nombreuses connexions avec le monde de la technologie, car équipes scientifiques et technologies s’entendent plutôt bien,ils prennent connaissance de l’existence d’une machine dotées d’une cinquantaine de flash qui permet de révéler, à l’origine, à l’aide d’un logiciel d’analyse, les détails des peintures artistiques (empruntes digitales, coups de pinceaux, signatures cachées, etc…). Ils ont l’audace de vouloir s’en servir pour déchiffrer les inscriptions qui sont minuscules et très érodées par l’eau.
C’est Yanis Bitzakis qui est en charge de diriger les recherches concernant les écritures. Les glyphes décryptées nous parlent d’éclipse lunaire, d’éclipse solaire mais donnent également le mois, le jour et même l’heure à laquelle elles surviennent.Le calendrier donne aussi la date des jeux Néméens, les jeux Pithiques de Delphes, Isthmiques de Corinthe ainsi que celle des jeux Olympiques.

Ce degré de précision confirme que la machine était un chef d’oeuvre technique, véritable bijou de l’antiquité et qu’elle devait être très prisée durant son époque.

CEPENDANT DES MYSTÈRES DEMEURENT, QUI, QUAND, COMMENT

On donnerai volontiers au créateur de la machine, une forte influence du génie d’Archimède, qui avait indubitablement un savoir sur les principes mécaniques qui lui aurait permis de construire cette machine. Toutefois les découvertes archéologiques ne permettent pas de le confirmer. On sait juste qu’ Archimède avait créé une machine en quelques points semblable, mais d’une dimension plus grande.
D’autres astronomes, philosophes, mathématiciens, grecques sont toutefois sur la liste des auteurs candidats : Eratosthène, Hipparque, Posidonios d’Apamée, Geminos de Rhodes, etc…

L’ADMIRER…

L’original est conservé au musée archéologique d’Athènes et une reproduction du modèle par la société Hublot existe au arts et métiers.

Notes et autres sources :

A vrai dire, il est très difficile de trouver sur internet la date de découverte de ce système à partir d’un mot clé tel que « histoire de la mécanique, date, train épicycloïdale ». Selon Wikipédia l’exemple de l’utilisation le plus ancien de ce procédé date de la création de la Pascaline. On peut donc présupposer qu’au cours de ce siècle ce mécanisme était donc connu. Aussi selon Wikipédia, les fondements de la mécanique en tant que science commencerait en 1600 avec Galilée, Mais on voit qu’avec la machine d’Anthycitère, il était connu bien des année plus tôt. Ainsi dans ces deux derniers exemples on reconnait que l’histoire de la mécanique est indissociable de celle de l’astronomie. Il s’agit de mesurer l’espace et le temps.

SOURCES
Wikipédia, Arte Reportage, http://www.le-flamant-rose.org/machine-anticythere/archimede.htm + liens soulignés dans le texte